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Le Temps d'écriture

Georges Deherme montre très tôt un grand intérêt pour le phénomène colonial. Au retour d'une première mission au Tonkin (1903-1904), il annonce à son ami Jules Ravaté (1875-1916), dans une lettre du 16 mars 1904, qu'il écrit un livre sur la colonisation.

Une mission en 1905-1906 en Afrique occidentale offre une expérience de terrain qui complète une large documentation livresque. Il recueille des éléments durant son long séjour fait au Sénégal. Il visite le Soudan et la Guinée.

Avec ce matériau, Deherme produit une étude de 400 pages. L'Esclavage en A.O.F. Étude historique, critique et positive, dont il n'est pas vraiment convaincu de l'utilité. Dans un brouillon de lettre (1907) adressée à un familier qui s'intéresse et souhaite prendre connaissance de cette étude, il précise : "à vrai dire, je ne vois pas bien quelle peut être l’utilité d’un tel travail. Peut être serait-il consulté par quelques jeunes administrateurs... En tout cas, il ne peut être publié".  Il aurait voulu faire plus. "J’aurais aimé entreprendre l’étude complète de la société noire mais il paraît que pour comprendre les mœurs et coutumes des Soudanais il faut avoir séjourné trois ans rue d’Ulm. Comme je ne remplis pas cette condition, je renonce à mon projet". Deherme est trop modeste. L'insistance de son entourage et quelques recommandations opportunes permettent la publication. Enrichie, modifiée, cette étude sort en librairie au printemps 1908. Un fort volume de 528 pages, édité par Bloud et Cie avec pour titre : L'Afrique Occidentale Française. Action politique, action économique, action sociale[1]. C'est une étude documentée d’ethnographie, un véritable traité pratique de colonisation.

 


[1]Pour suivre les modifications entre le manuscrit et l'ouvrage publié voir Slavery and its Abolition in French West Africa. The Official Reports of G. Poulet, E. Roume, and G. Deherme, Edited by Paul E. Lovejoy and A.S. Kanya-Forstner, Madison, University of Wisconsin, 1994.